Octobre rose mot à maux, pour une réelle liberté de choix

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Trois années se sont écoulées depuis la publication de No Mammo ? Enquête sur le dépistage du cancer du sein[1]. Beaucoup d’eau est passée sous les ponts, beaucoup études démontrant le peu d’impact de la mammographie sur la mortalité ont été publiées. Néanmoins les slogans d’Octobre rose n’ont rien perdu de leur aplomb et le grand public dans son ensemble est toujours tenu à l’écart du débat en cours dans la communauté scientifique sur la balance bénéfices/risques du dépistage du cancer du sein. Cela s’explique aisément. Pour les statistiques, face à la belle histoire – celle de la survivante dont la vie fut « sauvée » par la mammographie – le combat est perdu d’avance. Le battage médiatique intense l’emportera toujours sur les études du British Medical Journal.           

           Il fallait donc trouver un autre angle d’approche, démontrer autrement que par l’analyse des études scientifiques que le message des Octobres roses était faux, trouver d’autres outils permettant à chacun, mais à surtout à chacune, de déterminer si celui qui parle dit vrai. Comment faire alors lorsque l’on ne possède pas le bagage académique qui permet d’analyser le message lui-même ? Très simple : il suffira de repérer certains signaux révélateurs des intentions de l’émetteur du message. Des signaux qui nous permettront de répondre à la question : cherche-t-on à me manipuler ou non ? S’il y a tentative de manipulation, il y a de fortes chances que l’émetteur ne juge pas son message suffisamment juste et valide pour nous convaincre par des voies normales. L’arme du manipulant, dès qu’elle est reconnue, va se retourner contre lui et en faire un argument en sa défaveur. En d’autres termes, il suffira souvent d’analyser la forme pour avoir une idée du fond. La forme, autrement dit les mots avec lesquels on s’adresse à nous, candidates au dépistage, lors des Octobres roses.

            En même temps que la sensibilisation au cancer du sein est apparue une nouvelle langue. Victor Klemperer avait dénoncé la LTI,  Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich[2]. Eric Hazan, lui rendant hommage, s’était chargé de la LQR, Lingua Quintae Respublicae, la langue de la Ve République[3]. Nous avons à présent la LOR, Lingua October Rosa, la langue d’Octobre rose. Une langue dans laquelle « informer » signifie « convaincre », « prévenir » signifie « constater » ce que l’on n’a pu, justement, prévenir, et ainsi de suite. La langue d’un nouvel environnement où ceux qui prétendent « faire le point » et « nous éclairer » sur la « polémique » en cours dans le domaine du dépistage sont souvent les moins bien placés pour le faire, où l’éthique est bafouée par ceux-là mêmes qui se réclament d’elle. Un environnement où il faudra toujours vérifier si ceux qui se disent indépendants ne sont pas au contraire pieds et poings liés par des conflits d’intérêts ou d’objectifs, un environnement où la confiance envers ceux qui affirment nous comprendre et agir pour notre bien ne sera plus de mise.

          « Quand les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté », disait Confucius. Quand les communicants d’Octobre rose emploient les mots à contresens, nous perdons notre liberté de choix. C’est pour que les candidates au dépistage la retrouvent que j’ai écrit Octobre rose mot à maux- pour une réelle liberté de choix. Se faire dépister ou pas ? L’important n’est pas le sens de la décision, mais qu’elle soit prise hors de toute interférence illégitime. Or la manipulation représente par définition une telle interférence.

               Pour ce deuxième ouvrage, j’ai choisi l’auto édition en utilisant la plateforme Amazon. J’ignore encore ce que cela vaut mais ce ne peut être pire que ma première expérience de l’édition. Tout est expliqué ici et . Je suis membre de deux associations d’auteurs qui sont bien impuissantes devant cette gabegie. Il existe bien entendu des éditeurs qui traitent et rétribuent correctement leurs auteurs, il n’empêche qu’il existe un certain malaise dans le monde de l’édition classique et que les auteurs ont fort peu de recours.

            Pour revenir à nos moutons, Octobre rose mot à maux ambitionne de donner – ou redonner – le goût du décryptage. La vigilance sur l’emploi qui est fait des mots ne doit pas être une corvée mais un plaisir. En effet, si la campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein est une saison relativement pénible pour les personnes un tant soit peu informées, elle procure toutefois de bons moments lors de la découverte de perles. Il arrive fréquemment, tant du côté des journalistes que de celui des promoteurs du dépistage, que l’on se mélange les pinceaux. Un lapsus par ci, un aveu par là, un excès de zèle pour couronner le tout, et l’affirmation ou le slogan censés nous convaincre se retournent contre l’émetteur du message en le décrédibilisant tout à fait. Ci dessous quelques perles extraites du préambule qui leur est consacré dans Octobre rose mot à maux- Pour une réelle liberté de choix.

 Le Dr Pierre Cressely de l’Adeca 10 (structure de gestion du dépistage des cancers[4] de l’Aube) dans l’Est-Eclair :

« On ne veut pas culpabiliser celles qui ne participent pas au dépistage. Mais il est important de prendre soin de soi tous les deux ans. »

 Et le reste du temps, on se néglige ?

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Le dossier de presse Octobre rose 2011 d’Aisne Preventis (structure de gestion  de l’Aisne) nous met en garde :

« Se mobiliser pour le dépistage, c’est pour beaucoup risquer d’attraper le cancer. »

Parfois, la mobilisation est dangereuse.

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La Dépêche, le 19 décembre 2013, en titre :

« La deuxième lecture réduit le risque de cancer du sein. »

 Trop forte, cette deuxième lecture !

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Europa Donna dans le publi-rédactionnel consacré au dépistage inséré dans le Monde du 19 octobre 2012 nous explique qu’une de ses missions est d’« encourager au dépistage qui sauve des vies, malgré la polémique ».

 Vaillant dépistage, qui doit lutter contre la polémique pour sauver des vies.

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La Ligue contre le cancer s’interroge en octobre 2013 :

« Et si nous replacions les femmes au cœur d’Octobre rose ?»

 Parce qu’elles n’y étaient pas jusque-là ? Alors, en effet, il serait temps.

***** Dans la liste des FAQ de l’ADECA 10, la structure de gestion du dépistage des cancers de l’Aube :

« Question : Á la réception du courrier de l’ADECA 10, que dois-je faire ?

Réponse : Prenez directement rendez-vous auprès d’un radiologue agréé (liste des radiologues agréés au dos du courrier d’invitation) »

Rendez-vous directement au centre d’imagerie médicale le plus proche, ne passez pas par la case réflexion.

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Sur le site de l’Apremas (structure de gestion du dépistage des cancers dans les Alpes-Maritimes et les Alpes de Haute-Provence) :

« Participer aux campagnes de dépistage du cancer, c’est porter un nouveau regard sur sa santé et exercer un choix, en toute liberté. »

Le choix de participer, en toute liberté…

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Un oncologue cité par le publi-rédactionnel consacré au dépistage inséré dans le Monde du 19 octobre 2012 :

 « Nous sommes aujourd’hui confrontés à des patientes qui discutent les traitements, voire y renoncent. »

Bienvenue au XXIe  siècle…

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Sur le site de l’ODLC Isère, la structure de gestion pour ce département :

« Quand on parle de dépistage du cancer du sein, souvent, le mot cancer sonne plus fort que celui de dépistage. Pourtant, aujourd’hui, la prévention par dépistage permet d’agir avant que la maladie s’installe. »

Que dépiste-t-on alors si la maladie n’est pas là ?

*****

Sur le même site, même page :

« Quand il n’y a aucun symptôme et qu’on se sent en bonne santé, c’est le bon moment pour faire de la prévention par dépistage. » 

Vous êtes en bonne santé ? Tout va trop bien ? L’ennui vous guette ? Pensez au dépistage.

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Le rapport du GRED « Éthique et dépistage organisé du cancer du sein en France », à la page 13 :

« L’information du patient ne saurait donc reposer uniquement sur l’exposé de résultats scientifiques. »

Aucun risque. Il faudrait pour commencer que cette information repose un tant soit peu sur « l’exposé de résultats scientifiques ».

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Le dossier de presse Octobre rose 2013  de l’INCa constate :

« Les femmes interrogées n’évoquent pas spontanément le risque de surdiagnostic »

Il est vrai qu’on ne leur en a pas « spontanément » parlé.

 *****

Communication de l’Institut Paoli Calmettes (IPC) de Marseille :

« En matière de surdiagnostic, il faut redoubler de vigilance sur la manière de communiquer auprès des femmes afin de ne pas risquer de diminuer leur participation, pourtant déterminante, dans l’efficacité des programmes. Il faut éclairer leur choix par une information juste, honnête et compréhensible. »

Une information « honnête » mais qui ne doit pas « risquer de diminuer leur participation » : si l’IPC sait comment procéder pour y parvenir, qu’il communique la recette.

*****

La Dépêche du 16 novembre2012 titre : « Cancer du sein : prévenir pour mieux guérir »

Nous avions « Mieux vaut prévenir que guérir », voici « Prévenir pour mieux guérir ». Qu’a-t-on prévenu s’il y a quelque chose à guérir ?

*****

            Ainsi s’achève notre tour d’horizon des perles de campagne. Mieux vaut en rire. D’abord parce que le rire est le premier pas vers la lucidité, et ensuite parce que nous ne nous moquons pas assez. Le dicton « Plus c’est gros, mieux ça passe » ne doit plus être une fatalité. Faisons en sorte que le « gros » ne passe plus sans que son ridicule ne soit exposé en place publique. Bon décryptage.



[1] Ed. Max Milo, 2011.
[2] LTI, la langue du IIIeme Reich, Victor Klemperer, Ed. Pocket, 2003
[3] LQR, la propagande du quotidien, Eric Hazan, Ed. Liber, 2006
[4] Les structures de gestion du dépistage des cancers (SG) sont chargées de l’application des programmes de dépistage des cancers au niveau départemental.

											

À propos de Rachel Campergue

Auteure (No Mammo?) La stupidité règne là où tout semble évident. Comment sont posées les questions? That is THE question...
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22 réponses à Octobre rose mot à maux, pour une réelle liberté de choix

  1. dautrepart dit :

    Passage express pour signaler qu’une certaine attitude de déni du danger – s’alimentant au sentiment d’héroïsme, à la conviction de participer d’une élite, à foi dans la fiabilité des promesses du progrès scientifique – accompagna les débuts de la recherche à l’Institut du Radium …où les femmes comptèrent jusqu’à 30% des effectifs. ( Fellinger Anne, « Femmes, risque et radioactivité en France », Travail, genre et sociétés 1/ 2010 (n° 23), p. 147-165 URL : http://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2010-1-page-147.htm. )

    Hier soir une fiction sur Marie Curie fut diffusée. Je ne l’ai pas regardée mais à entendre les commentaires que j’en ai recueillis je ne suis pas certain que cet aspect ait été correctement présenté.

  2. LEXA ANNETTE dit :

    Merci à Brune d’Abondance pour ses liens intéressants et édifiants en effet!

    Personnellement, j’ai été éduquée à l’Université française dans le doute cartésien, la critique saine et constructive d’une publication scientifique ce que je pratique à chaque fois qu’on m’assène un résultat d’ « étude ». Et je lis l’anglais. Comment nous le reprocher par la suite? Nous sommes les enfants de Descartes! Je me considère fièrement comme une femme cartésienne à sang froid, une « well-educated woman » qui dit non au DOCS .

    Il est bien connu que le marché se nourrit du doute (OGM, médicaments… ) et qu’il y en a dans toute étude épidémiologique, clinique, sociologique, psychologique.. qui est au mieux de la science molle , au pire de la junk science selon qu’elle est biaisée par les financeurs, un mauvais protocole, un mauvais choix statistique , une présentation complaisante (la fin justifie les moyens et « les femmes sont nulles en science, c’est connu, elles ne comprennent pas les chiffres, elles veulent qu’on s’occupent d’elles, elle veulent des certitudes pas des balances bénéfice/risque et des probabilités, parce qu’on ne fait pas des politiques de santé avec des probabilités.. ») .

    Je crois me souvenir que quelque part, Rachel Campergue en appelle à l’humour. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Aussi , si effectivement , au lieu de chercher à justifier notre critique du DOCS face à des gens de mauvaise foi , en ayant recours à l’épidémiologie, aux preuves statistiques , aux références bibliographiques , nous prenions le parti de l’humour, du rire, du cynisme (oui, pourquoi pas?), devant tant de mauvaise foi, de mensonges avérés, de stratégies insultantes pour les femmes , de culpabilisation malsaine? Imaginons un instant le même film pour le dépistage du cancer de la prostate : le Lion et l’autruche version masculine. Un femme qui dit à son homme, un gros dur tatoué « Je t’ai pris RV pour un dosage de PSA et un toucher rectal.. Tu sais, j’ai appelé ma copine urologue, elle a déplacé un RV pour toi.. Le mari (le gros dur) tremble de peur, on entend son petit coeur battre fort… « Quoi, tu as peur? tu crois que se faire un toucher rectal , çà rend impuissant ? » (l’homme n’ a pas peur du cancer, il a peur de devenir impuissant)
    Pendant ce temps, un petit mec gringalet, sorti d’un rixe avec des malabars, a pris un point dans le ventre et soudain ressent une envie d’uriner pressante. Il va consulter courageusement son médecin (une femme bien sûr) pour un toucher rectal, des fois que .. Il a bien eu raison, la médecin lui a découvert une tumeur de la prostate. Il est sauvé, on va l’opérer (normal, on est dans le monde des bisounours, on meurt jamais, toutes les tumeurs sont guéries, on est tous sauvés par la médecine puisqu’on s’est fait DE-PIS-TER, CQFD, c’est les autres, les trouillards, les lâches ceux qui se font pas dépister qui meurent) .
    Heureusement que le cancer n’est pas une maladie contagieuse, des fois que la femme non dépistée contaminerait les autres..;-))

    Merci aussi à Brune d’Abondance qui réagit aussi à ce qui m’est très cher, car c’est ainsi que je le perçois dans mon propre corps de femme, à savoir cette  » idéologie castratrice, ce puritanisme hygiénique, cet extrémisme prophylactique » , que Marc Girard, dans un style certes excessif ;-) a tout de même touché du doigt, cette haine du corps féminin, cet inconscient , ce refoulé collectif. Je pense que viendra le jour où des historiens de sciences se pencheront sur cette période, et en feront le parallèle avec l’histoire de l’accouchement, de l’hystérie féminine, etc. A une époque où on est obsédé par l’égalitarisme homme femme, c’est passionnant! Et je me demande pourquoi cet aspect psychologique/psychanalytique du DO est si peu pensé. Il y a vraiment, comme vous le dite, un nihilisme forcené, qui tourne à l’ obsession et à l’irrationnel dans ce DO (sein et prostate). Le sexe est aujourd’hui devenu mécanique et c’est ainsi que nos adolescent(e)s le découvrent via le porno. Les corps sont réifiés, on distribue la pilule gratuitement sans information ni contrôle médical pour s’adonner aux pratiques sexuelles sans tabou dès les années collège, on peut s’acheter facilement une augmentation mammaire, dès 18ans, pour « plaire » aux fantasmes masculins. Ensuite vers 30 ans, on entre dans la surmédicalisation des grossesses et des accouchements ( à grand renfort de césariennes…), puis à 40 ans – ma génération y a eu droit, avec la culpabilisation dès l’âge de 39 ans – on veut nous faire entrer dans le grand dépistage castrateur (normal, on est plus vraiment féconde, on « vaut » moins sur le grand marché où l’obsession de la jeunesse règne). Ensuite, c’est (c’est encore d’apres ce que je vois autour de moi..) , le TSH à la moindre bouffée de chaleur ou pour « prévenir « l’ostéoporose.
    Avez vous remarqué comme le discours de beaucoup de personnes à partir de la cinquantaine devient obsédé par la santé, les premiers symptômes du vieillissement, le suivi médical? Nous avons droit, en toute indécence, au descriptif sans fin du « parcours » médical, des RV médecins, des examens, des détails intimes les moins ragoûtants, des douleurs ici ou là étalées sans pudeur et ad nauseam… Où est passé la vie dans toute sa beauté, sa sensualité? où peut se déployer , dans cet univers médical mortifère, l’érotisme qui peut être vécu avec tant de bonheur à tout âge et qui demande retenue, mystère, intimité dans la relation à l’autre ? Fait-il peur à ce point pour s’acharner à le détruire chez tant de femmes ? Mais, on peut être aussi optimiste en se disant que les « résistantes », les « autruches » et autres dindes, et bécasses réfractaires au DO sont peut être celles qui ont choisi tout simplement la Vie, la beauté, l’amour et n’ont que faire de cet engrenage mortifère et assument pleinement, d’instinct dirais-je, la balance bénéfice/risque et , sans en faire une obsession maladive, font plus confiance à al vie, et à la chirurgie, aux traitements qu’au dépistage si le cancer devait advenir.
    Mais, comment faire comprendre cela à un technocrate de la santé qui répond pas chirurgie reconstructrice, médecine prédictive et rentabilité des actes de radiologie ? Le corps, au lieu d’être le corps vécu comme un tout où corps et esprit sont indissociables et sont le véhicule des plus belles expériences de vie, devient un assemblage d’organes potentiellement malades, interchangeables, avec prothèses, implants de tout sorte . Quelle piètre idée de la vie et de la prévention en matière de santé !
    Et quand le technocrate de la santé est confronté à la fin de vie, il privilégie l’acharnement par les traitements lourds et coûteux, car les soins palliatifs , qui apporteraient un plus en matière d’humanité, eux, ne rapportent rien .
    Ou alors serait ce parce que nous, occidentaux gâtés, hyperprotégés, nous avons tout, santé, confort, qu’il nous reste la peur du cancer, du vieillissement, de la pandémie comme Ebola, de la mort pour nous sentir encore « vivre »? En d’autres époques, par exemple la Rome ou la Grece antique, on cultivait l ‘héroisme, le mépris de la mort, en 2014 on survalorise l’individu, l’ Homo festivus, la victime, le banal, le normal, le cocooning, l’étalage de l’intimité et on aiguillonne avec la peur . Autre temps, autres moeurs..

  3. LEXA ANNETTE dit :

    … La lionne et l’autruche (suite et fin)

    On amalgame 2 situations différentes: un femme qui sent une boule dans son sein et qui , mue par un sain instinct de survie , va consulter. On en aurait faite de même. Pas folle la guêpe quand même. Et une femme qui n’a apparemment pas de symptôme, et qui elle a peur d’aller faire un dépistage. 2 situations médicalement et psychologiquement très différentes qu’il est intellectuellement malhonnête de mettre sur le même plan.

    • La réalisatrice de ce clip devait vraiment avoir besoin d’argent pour se compromettre avec un document aussi inepte, certainement un des plus nuls qu’ait pu commettre la propagande rose, dans sa production baroque. C’est ridicule et même vexant pour les femmes. Les sénocrates se trompent s’ils s’imaginent recruter de nouvelles clientes avec ce type de comptines puériles, infectées au passage de la propagande la plus vile et la plus abjecte.
      Tout cela procède au demeurant d’une inversion des valeurs, car d’un point de vue strictement éthique, la lionne est évidemment la femme de sang-froid, « a well-educated woman », comme dirait le Dr Gotzsche, bien informée et qui, résistant à la pression infernale du lobby rose sauve ses seins en les gardant précieusement dans son chemisier.
      On perçoit au passage une haine difficilement contenue du mammo-business à l’égard des femmes réfractaires au dépistage, qui ne l’oublions pas représentent presque la moitié de la classe d’âge concernée. D’où ce besoin impérieux de manier l’injure en les stigmatisant d’une manière réellement sexiste, avec ce quolibet d’ « autruche ». Les prochains clips parleront probablement de « dindes », de « bécasses » ou autres gallinacés. Ce ne sont là que mauvaises manières de boutiquier vexé de voir des clientes snober son établissement et de manquer à son chiffre d’affaires.
      Le pays de Descartes et de Pasteur est en effet l’un des pays d’Europe manifestant une réticence au DOCS parmi les plus grandes, malgré toute cette propagande rose déversée à grands flots par les médias. En fait le DOCS est un semi-échec en France, de l’aveu même du mammo-business. Le « taux de recommandation de référence européen » fixe la participation à 65%, or en France ce taux ne dépasse pas 52%, avec même une baisse de 1% en 2013 (soit 25 000 femmes de moins, environ). L’objectif initial était d’ailleurs de 80%. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-07/synthese_et_recommandations_participation_depistage_cancer_du_sein.pdf
      On trouve un phénomène semblable en Suisse francophone : voir Programme vaudois de dépistage du cancer du sein : évaluation après 15 ans, 1999-2013, http://www.iumsp.ch/Publications/pdf/rds216_fr.pdf
      Voir p.7 : « La participation baisse depuis 2009 en première invitation, indépendamment de l’âge, et ce phénomène s’est fortement accentué en 2011-12. La baisse du taux d’accrochage au programme, qui s’est révélée être un indicateur fiable des tendances participatives, mérite une surveillance attentive ». Voir également p.18 et 19 : « Le battage médiatique sur la controverse entourant le dépistage par mammographie a-t-il impacté sur l’utilisation du programme? Si oui, comment? » (Sic !)
      Voir également p.40, le nombre de mammographies pratiquées chaque année par radiologue n’atteint pas la norme requise. Egalement beaucoup de cancers de l’intervalle (radio-induits ?).
      Enfin, Octobre rose peine à convaincre les femmes de passer une mammographie, un récent sondage montre que 75% des personnes interrogées sont peu sensibles à la campagne en cours et n’iront pas passer de mammographie : http://www.presseagence.fr/lettre-economique-politique-paca/2014/10/14/paris-sondage-octobre-rose-75-des-patients-peu-sensibles-a-la-campagne/ Alors Mesdames et Messieurs les lanceurs d’alertes, ne baissons pas la garde !

  4. LEXA ANNETTE dit :

    J e suis allée visionner le film La lionne et l’autruche. Détournant le concept des fable de la Fontaine, satyre des mœurs de son temps, ce film est en effet édifiant !

    Il commençant par la danse sensuelle , quasi « autoérotique » d’une jeune femme, pour symboliser la période d’avant (avant , Eve vivait insouciante, jusqu’à ce qu’elle connaisse la mort, le pêché, la maladie). Cette sensualité, cette vie qui jaillit du corps des femmes que les dépisteurs acharnés entendent massacrer au nom de la rentabilité des actionnaires de matériel médical et des carriériste de l’INCa …
    La nouvelle mythologie, revisitée, version laique à la Française, en référence à La Fontaine, qui va ouvrir et annonce le siècle des Lumières, celui de la pensée rationnelle enfin libérée du joug oppresseur de la religion et de l’aristocratie dominante ;-))

    La Lionne : un femme fragile, féminine, peu sûre d’elle, qui tremblotte sur le trottoir, répond en bafouillant aux questions que lui posent 3 racailles qui lui enlèvent sa bretelle de soutien gorge. Elle , douce et fragile, va se révèler être la courageuse qui va affronter le cancer . Au passage, remarquons qu’elle est allée faire un examen après avoir senti une boule dans son sein. On en ferait de même nous toutes ici .

    Et puis l’Autruche (Puisque la mammo est recommandé à partir de 50ans, nous supposons qu’elle a 50 ans…) , en apparence plus sûre d’elle : Son « homme » lui a pris un RV , il la culpabilise (« parce qu’il tient à elle » je suppose) . La femme rongée de peur, elle réagit par l’émotion, ne va pas se renseigner sur internet pour faire une analyse bénéfice /risque, en parler avec son médecin, prnedre le temps de réfléchir posément. C c’est connu les femmes sont de petites choses fragiles dirigée par leur hormones. Lui, le mâle, il est posé, il sait ( Il a une copine radiologue d’ailleurs, c’est dire s’il fréquente des « sachants » ; En plus la copine radiologue a déplacé un RV pour te prendre (une couche de plus…) ,rationnel, progressiste, il croit en la biomédecine, lui . Elle , c’est une femme-enfant victime de la pensée magique . Il le sait car, alors qu’elle ne répond pas, il lit dans ses pensées » : « Tu crois que faire une mammographie donne le cancer ? ». On entend d’ailleurs son cœur battre fort. Idiote. En plus tu est une trouillarde, une autruche.

    Le film l’annonce : 85 % des cancers du seins guéris . Forcément avec le surtraitement des surdiagnostics, on y arrive. Par contre, ce qu’on dit pas c’est que les cancers vraiment méchants, eux, ne se guérissent pas.

    Un référence au sage Confucius, et hop, le tour est joué, 2eme épisode du Grand Récit de la Vie ! Il y a une deuxième vie après votre première mammo. Là, vous allez vraiment apprécier le sel de la vie. Parce qu’en plus la mammo va vous faire grandir, vous aider à accomplir un grand pas vers la sagesse, la re-naissance spirituelle (et Dieu sait si vous en manquiez…) : il y avait un avant où vous étiez une écervelée qui dansait sensuellement au paradis sans penser au lendemain, en tortillant des voiles, il y a un après la mammo où vous devenez enfin une femme, à 50 ans, rationnelle, courageuse (j’avais pas pensé à çà ! ils l’ont fait !) .

    On nous a épargné l’enfant de 12 ans (un garçon forcément) qui demande à sa mère pourquoi elle n’est pas encore allé faire une mammo parce qu’il tient à elle. Réunion de famille avec la grand mère qui s’est faite déjà enlever un sein et qui profite , grâce au DOCS de sa petite famille ( ou au choix, la sœur, la tante). C’est vrai, tiens, même ton fils a plus de cervelle que toi, sa mère. Ah, les femmes..
    on en rit ou on en pleure ?

  5. LEXA ANNETTE dit :

    J’ai entendu les témoignages de 2 femmes à une émission de Morandini sur la santé à Europe 1 de 11 à 12h début octobre.
    La première, un quinquagénaire, expliquait comment l’épreuve du dépistage subit était pour elle une source de stress énorme (mais elle y allait quand même et était contente d’y avoir emmené sa copine) . Mais elle ajoutait que depuis qu’elle faisait des dépistages, elle ne se regardait plus ni ne touchait plus cette zone de son corps (dixit ! ) , qu’elle préferait laisser au gynécologue, car cela la terrorisait.
    Quelle tristesse que cette femme à qui on a ôté tout sa sensualité, toute forme possible d »érotisme ou d’autoérotisme…

    Une autre femme, de 65 ans, déjà opérée et à qui on avait diagnostiqué des choses pas très claires sur l’autre sein, tout en refusant de le lui ôter ou le traiter car ce n’étiat pas encore assez « cancéreux » j’imagine.. , expliquait l’angoisse quotidienne dans laquelle elle vivait avec cette épée de Damoclès. Elle n’en dormait plus la nuit. L’expert de Morandini d’ajouter que c’était normal, que les seins sont des organes importants dans la représentation que la femme se fait d’elle même et donc qu’on ne procède pas comme çà à des ablations. Notre pauvre auditrice, rajoutait pour la 2 eme fois (l’expert n’a pas du entendre la première ) que sa féminité ne l’intéressait plus, qu’elle voulait juste ne plus avoir peur et onc ce faire enlever le 2e sein.
    Ces 2 témoignages m’ont choqué par leur brutalité.
    Rien à faire, l' »expert » commissionné par octobre rose pour parler chez Morandini n’a rien écouté de ces messages de détresse. rien écouté, rien compris.
    C’eut été des histoires de prostate enlevée, d’impuissance ou d’incontinence masculine, l' »expert » aurait sans doute mieux réagit.
    Cela renforce le constat de Marc Girard de la brutalité exercée sur le corps des femmes. et sur leur esprit.

    • Effectivement, il est pénible de constater à quel point certaines émissions rabrouent et renvoient proprement chez elles avec leurs questions non répondues les auditrices qui ne vont pas dans leur sens. Pour illustration, dans ORMàM, je cite l’intégralité d’une émission de Flavie Flament en Octobre 2013, censée « faire le point » sur la mammographie. Je me souviens également, d’un téléphone sonne sur FI consacré au dépistage où une auditrice exprimant ses doutes concernant la liaison de son cancer du sein avec un THS pris plus de dix ans, a été tout simplement ridiculisée. Aucune humanité, l’important étant de défendre coûte que coûte ses positions.

    • Vous faites très bien apparaître en filigrane une problématique rarement soulignée, exception faite pour le Dr Girard : la pratique du dépistage mammographique finit par être une agression contre le corps féminin, à constituer une démarche hostile à la femme en tant que femme, à la beauté, à la sexualité, à l’amour et donc à la vie.
      A la limite, le dépistage devient une idéologie castratrice, un puritanisme hygiénique, un extrémisme prophylactique, avec comme horizon la mastectomie comme cure universelle. On assiste ainsi au développement d’une néo-religion, avec ses thaumaturges, sa hiérarchie cléricale, ses bigotes, ses fêtes annuelles, ses célébrations, ses pèlerinages, son ascèse, ses mortifications, ses mutilations quasi- rituelles et ses martyrs officiels offerts comme modèles à la foule des fidèles.
      Son impératif catégorique est le suivant: «si ton sein est pour toi une occasion de souci, arrache-le ! » Ses objurgations implicites : « Ecrasez, irradiez, perforez, extirpez, taillez, coupez ces seins maudits que nous ne saurions voir ! »
      Il y a là du nihilisme, une morale contre nature au sens nietzschéen, une « guerre à mort contre la sensualité ». Comme des charrettes entières de femmes mutilées s’accumulent au fil des ans, on comprend aisément que notre société va vers un profond assombrissement de l’existence pour les hommes et les femmes qui la composent ; d’autant que ce qu’on vient d’écrire ici s’applique également, mutatis mutandis, à la question du dépistage du cancer de la prostate, avec ses conséquences délétères pour les hommes.
      La pratique d’une telle médecine, non hippocratique, se révèle nuisible à la vie.

  6. eplus.nouvelobs.com/contribution/1212052-cancer-du-sein-depuis-la-mastectomie-d-angelina-jolie-mes-consultations-ont-double.html
    On se frotte les mains: les salles d’attentes sont pleines…

  7. Une « survivante », dénonce son instrumentalisation par le lobby rose: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1248222-octobre-rose-j-ai-le-cancer-du-sein-votre-marketing-me-rend-malade.html
    Les comptes de l’entreprise d’événementiel mise en question dans cet article présentaient en 2013, un résultat net de 95.800€ pour un chiffres d’affaires de 260.000€ … http://www.societe.com/societe/philippides-evenements-437963655.html Une confirmation qu’octobre rose, sous le masque de la générosité, se résume à un business particulièrement juteux.

  8. CMT dit :

    Bonjour Rachel,
    j’ai commencé à lire ton livre et, si je dis que comme d’hab, il est brillant, stimulant et porteur d’optimisme je vais avoir l’air de banaliser l’exploit.
    Non seulement ça remet les choses à leur juste place mais ton livre incite à poursuivre la réflexion.
    Faut-il avoir été exilé dans les îles pendant une décennie pour acquérir un tel recul? Est-ce que les dérives subtiles et progressives de la société néolibérale ne deviennent perceptibles qu’à ceux qui ne les subissent pas au quotidien?
    Gilbert Welsh estimait, tu le dis dans ton livre, à 70 000 le nombre de femmes victimes du surdiagnostic et mutilées inutilement chaque année rien qu’aux Etats Unis. Le corps de la femme est devenu un prétexte parmi d’autres, un instrument parmi d’autres utilisable pour maximiser les profits.

    Parmi toutes ces femmes seules les plus « méritantes », les plus convaincues, les plus battantes, les plus positives, les plus féminines, celles dont la mammoplastie sera la plus réussie, auront droit à la lumière des projecteurs et au devant de la scène. Les autres auront le droit de souffrir et de culpabiliser en silence de ne pas avoir été aussi fortes et aussi positives.
    Et il faut de vraies grandes gueules comme celle de la Crabahuteuse ou celle de Manuela Wyler pour oser l’ouvrir face à une telle pression. Ou la réflexion tranquille d’une Martine Bronner, très loin du bling bling, des apparences et du faux glamour promu par le marketing du ruban rose.

    Non, avoir un diagnostic de cancer n’est pas « une chance » et subir des milliers de mutilations inutiles ne représente pas un progrès pour les femmes.
    Sans parler de la régression que cela représente pour le droit des femmes d’être renvoyée à l’image de personnes condamnées à souffrir en silence en gardant le sourire et en faisant du shopping pour acquérir tous les accessoires et cosmétiques nécessaires pour rester glamour et ne pas faire fuir son homme.

    Pour toutes celles qui ne savent pas quoi penser et se tâtent pour le dépistage, sans avoir de facteur de risque, il est urgent de te lire pour avoir un autre éclairage que celui des projecteurs du marketing rose.

    • Un grand merci pour ce commentaire CMT ! Et si je dis que comme d’hab, avec ton analyse : « Sans parler de la régression que cela représente pour le droit des femmes d’être renvoyée à l’image de personnes condamnées à souffrir en silence en gardant le sourire et en faisant du shopping pour acquérir tous les accessoires et cosmétiques nécessaires pour rester glamour et ne pas faire fuir son homme », tu as visé juste, je vais avoir l’air de banaliser ton aptitude à résumer la situation en une seule phrase bien tournée.

  9. La dernière mièvrerie du lobby rose (via l’incontournable Figaro): http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/10/09/22883-apres-son-cancer-sein-cineaste-met-son-talent-service-depistage?
    A noter le vocable d’ « autruche » pour désigner les femmes qui refusent le DOCS. Particulièrement sexiste…

  10. « Quand il n’y a aucun symptôme et qu’on se sent en bonne santé, c’est le bon moment pour faire de la prévention par dépistage. »
    Outre le surdiagnotic, on confond prévention et dépistage….

  11. DES Daughter dit :

    Bravo pour ce nouveau livre et tous nos voeux de succès, que tu mérites bien fort.
    dom

  12. une autre perle dans les Dernières Nouvelles d’Alsace :le  » dépistage obligatoire »!

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